samedi 11 juin 2011

Herzlich willkommen in Berlin Schönefeld !

Nous y voilà déjà. A peine le temps d'apercevoir les méandres du Rhin au cœur de Bâle, les moutonnements de la Forêt Noire et les crêtes enneigées des Alpes, nous redescendons déjà sur Berlin... le vol a duré 1h20 tout juste. 27€ le vol, il faut avouer que cela devient difficile de trouver suffisamment d'arguments pour faire le trajet par la route...

La température au sol est de sechsunddreizig Grad. Nous nous demandons si nous avons bien compris...

Les portes s'ouvrent, nous descendons la passerelle... 33, 34, 35... et 36 : effectivement, les 36 degrés sont bel et bien là.

Les bagages sont déjà en train d'être déchargés. Notre joli paquet a un côté de déchiré... le contraire aurait été surprenant. Nous rentrons dans l'aéroport, empruntant un long couloir vitré au bord duquel une ribambelle de logos nous souhaitent la bienvenue. A travers les logos, la petite camionnette nous dépasse avec ses petits wagons. Des caisses, des poussettes reposent sur notre pauvre petit carton à l'agonie... le pauvre... courage, il faut tenir bon !

Une grande porte s'ouvre. Poussettes et caisses arrivent sur des petits chariots. Voici enfin notre carton, poussé debout... clac, un reporte se referme dessus... c'est décidément de l'acharnement...

Aller, courage, tout va bien... nous le récupérons enfin. Ses constantes sont extrêmement faibles, il n'en a plus pour longtemps. Nous le chargeons sur un chariot à roulettes et sortons de l'aéroport.

Quais de bus, voici enfin un peu de place à l'abri des regards... le pauvre agonise, il est temps d'abréger ses souffrances : nous sortons le couteau du sac de voyage et l'éventrons. Tchac !


Gnark gnark...



Nous pouvons procéder à l'autopsie. Tiens, on ne se souvenait pas d'y avoir mis un paquet de mouchoir... ni d'y avoir mis ces mouchoirs en papier froissés d'ailleurs... ou ces petits sacs plastiques... notre pauvre carton a terminé sa triste vie comme vide ordure. Pour 27€, difficile de se plaindre après tout...





Fort heureusement, après rapide inventaire, tous les organes vitaux semblent bien arrivés... ouf. Nous allons pouvoir réveiller la bête...


Les contrastes sont toujours amusants. Et il faut avouer que notre carton éventré, l'étalage au sol de toutes ces petites pièces semble jurer au milieu des jupons, talons aiguilles et costards qui s'affairent aux côtés des petits valises roulantes... les chauffeurs de taxi qui les choppent à la volée pour les enfermer à l'arrière de leur véhicule ont plus de simplicité : plutôt que de regarder de biais avec un air de 'je suis indifférent à tout', ils laissent leurs bras s'occuper du chargement et leur tête observer ce drôle de théâtre. Et leur lèvres offrir un sourire franc.

Roues regonflées, remontées. Guidons repositionnés. La bête reprend peu à peu forme.

Tiens, elle est bizarre cette valise... effectivement, ce n'est pas une valise, c'est un déambulateur.

Perchée au dessus, une bouille toute fripée regarde tout ce fatras d'un air content, en hochant solennellement la tête... les petits vieux sont adorables. Ce sont eux qui le plus souvent osent le pas... c'est simple, il suffit de se garer avec un tandem quelque part, et hop, un petit vieux mordra en un rien de temps. Bien sûr, il y a toujours de bon coins où cela mordra mieux que d'autres... postez-vous en début de matinée aux abords des supérettes, succès garanti !

Là, il faut avouer qu'on aurait pas parié. Après un certain nombre de hochements, il avait dû arriver au bout de la pellicule de souvenirs, prêt à engager la conversation. Un bus est arrivé, s'est soulagé de tous ses pistons, et a aspiré d'un coup notre petit vieux et son déambulateur.

Pédales remontées, selles ajustées...

'Das ist so schöööön !!'

Au bout de cette phrase, un sourire, un visage féminin, la cinquantaine environ, franchement tourné vers nous, un pouce levé, tandis que le reste de son être, du bout de la chaussure jusqu'à la ceinture, l'emmène à pas rapides vers le hall... le 'capital sympathie' commence à faire son effet...

Garde-boue, lumière... pouet pouet : le klaxon à poire est fixé. Nous voilà parés.

Irrésistibles...


Et voilà : deux nouvelles prises dans le filet. 'Bonjour, cela ne vous dérange pas si on regarde un peu ?' (pas en français dans le texte mais par égard pour notre public essentiellement homophone, nous assurerons le doublage des voix en français).

'Non, bien sûr... si vous acceptez qu'on vous prenne en photo !'


 
Et hop, les deux képis sont dans la boîte... 'Et vous allez où ??'

A Saint-Pétersbourg.

Les képis se marrent... 'allez, sérieux'...


euh... sérieux, que faut-il répondre ?...

'A Berlin'. Une réponse déjà plus crédible...

Ils nous indiquent le chemin le plus sûr pour nous y rendre. Prendre Waldmannsdorf. Vous avez un petit kilomètre de double voie, mais après, vous avez 20 bornes de route tranquille.

Nickel. Les képis prennent congés, une salopette bleue s'enhardit alors un peu plus. Cela tombe bien, la métamorphose de la bête est achevée : nous n'avons plus besoin de sa mue. L'agent d'entretien qui depuis un moment déjà nous guettait de dessous son béret est aux anges. Il prend nos lambeaux de carton avec tant de ferveur que nous nous demandons s'ils ne seront pas écoulés dans un étrange marché noir de souvenirs vaudou...


Le moment magique : nous attachons la remorque au tandem.
Nous muons à notre tour : pantalons et maillots tombent, révélant nos silhouettes moulées de néoprène sexy, nous enfilons gants, lunettes et casque...

Attention, c'est parti. En route pour Saint-Pétersbourg city !

La dame qui était restée assise sans un geste jusque là à quelques pas de nous se lève alors de sa marche d'escalier et nous propose de prendre la photo.

Nous saluons 3 fois et quittons la scène.



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