Drôle d'histoire que celle de Berlin, petite île isolée au milieu de la RDA, elle-même coupée en deux blocs... Berlin ouest a développé une sorte de culture insulaire un peu à part qui a laissé aujourd'hui quelque vestiges d'une autre variante de vie communautaire, dont voici l'histoire, dans les grandes lignes, racontée par notre petit guide Hachette...
L'abolition du service militaire à Berlin ouest a attiré dans les années 60 un joyeux mélange de pacifistes, d'artistes en devenir et d'écolos de la première heure, alors même que les étrangers (turcs, grecs, yougoslaves) arrivaient en masse pour compenser la perte de la main d’œuvre est- allemande.
On trouvait le terreau idéal de la contre-culture, émaillée de cafés associatifs, théâtres off, crèches parentales et foyers pour femmes battues. Une sensibilité citoyenne – toujours existante à l'heure actuelle – qui s'est transmuée en véritable vague de protestation à l'automne 1980.
Cette année là, des groupes de squatters – majoritairement composés de jeunes gens au chômage – se sont emparés de 170 immeubles livrés à la spéculation. Un 'coup de force' qui culmine un an plus tard, lorsque de violents combats de rue opposent les forces de l'ordre et lesdits squatters... largement soutenus par l'opinion publique ! Contraint de s'incliner, le conseil municipal conclut des contrats de légalisation avec un tiers des 'fauteurs de troubles', et débloque 10 millions de marks à l'intention des entreprises autogérées.
En quelques années, les projets issus de la contre-culture poussent comme des champignons : de la boulangerie bio aux 'jardins sauvages', en passant par l'art punk. Un si beau succès que les élections municipales de 1989 propulse les alternatifs au pouvoir !
Avant le tournant des années 80, on disait souvent que 3 Allemagnes coexistaient : La RFA la RDA... et Berlin. La ville coupée en deux était une sorte de petite île alimentée par les subventions gouvernementales. Le 11 novembre, l'Est a rejoint l'Ouest aux cris de 'Demokratie, jetzt oder nie !' ('la démocratie, maintenant ou jamais !')... et l''île' est devenue capitale.
Sans surprise, la réunification donne un coup de fouet au mouvement des squatters. Au tout début des années 1990, des communautés entières expérimentent les joies de la collectivité dans les immeubles délabrés de l'ex RDA. Presque 200 espaces libertaires qui ont fondu comme neige au soleil en deux décennies.
Aujourd'hui, moins de dix îlots contre culturels surnagent cahin-caha. Outre le célèbrissime Tacheles, cet ancien grand magasin transformé en centre underground, citons entre autres le Mehringhof et la maison des artistes de Béthanie.
En ce début de ce XXIème siècle, Berlin branchée mais non élitiste est devenue l'une des destinations les plus 'tendances' du moment, comparable au swinging London des années 1960 ou au New York des années 1980. Les américains exilés volontaires du 'bushisme' en ont fait leur lieu de villégiature favori et les jeunes européens, musiciens, designers ou plasticiens profitent de l'extrême modicité des loyers (environ 50% de moins qu'à Paris) pour développer des projets personnels... médiocrement lucratifs. Une 'movida du nord' qui conquiert les français : ils seraient désormais plus de 16000 à fréquenter les rives de la Spree...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Si vous souhaitez réagir, n'hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous ou à nous envoyer un message à l'adresse suivante: petits_carnets_dalsace@yahoo.fr