mardi 29 janvier 2013

Réponse devinette n°11 : la ferveur lituanienne...

S'il vous arrive un jour de croiser un polonais et de pouvoir parler avec lui, demandez-lui si par hasard, il ne connaîtrait pas un certain Karabatic (parler sport avec un étranger rompt toujours la glace de manière particulièrement efficace...). Il vous répondra très certainement par un 'Nikola ?' malicieux, démontrant ainsi à la fois qu'il connaît le prénom de la personne en question, et qu'il sait qu'il aurait tout aussi bien pu s'agir de son frère, Luka...

Le handball est en effet un sport très populaire en Pologne, et il est tout naturel de connaître les champions de la discipline : aussi est-il actuellement difficile de ne pas connaître 'LE' joueur star de l'équipe de France (même si, rappelons le tout de même, ce dernier est né en ex-Yougoslavie...).

Malgré la démesure du sport phare planétaire (le foot bien sûr!) qui se développe comme une vague de conversion dans les pays d'Europe de l'Est (souvenez-vous d'ailleurs d'où s'est déroulé l'Euro 2012...), d'autres sports résistent encore bien dans ces pays où l'on n'en est pas encore à presser des foules en liesse devant des arcs de triomphes.....
 
 
 
 
... à ceux qui avaient donc parié sur une manifestation de supporters de l'équipe nationale de foot pour expliquer ces drapeaux lituaniens, la raison reste à chercher ailleurs..... mais pas si loin.


En effet, il ne s'agit pas non plus d'un jour de deuil national ou de devoir de mémoire ou autre fête nationale (pour l'instant!), mais bel et bien d'une expression de supporters de sport au ballon rond avec lequel on ne jouerait toutefois pas au pied...


De même qu'à l'évocation d'un Zidane ou d'un Karabatic, le lien sportif est rapidement dressé, évoquons alors le patronyme d'une figure sportive légendaire lituanienne : Arvydas Sabonis.
 
 
...

Vous remettez ?



Un des plus grands joueurs de tous les temps de l'histoire du.... du.... ?

... non ? toujours pas ?...


Bon, voici quelques indices supplémentaires qui devraient vous aider à palier à ce fâcheux trou de mémoire.....
 
(caricature photographiée à Kaunas)


(totem photographié en campagne, dans l'Apskritis de Kaunas)


Et maintenant ? :-)....
 
 
... oui, cela vous revient à présent.... évidemment....

Comme vous le dites, comment ne vous en êtes pas souvenus plus tôt ?...
 
Arvydas Sabonis est effectivement un 'dieu du basket', véritable légende pour le peuple lituanien...


Comme bien souvent, un sportif devient légendaire parce qu'il incarne au delà de lui (et parfois aussi 'malgré lui') des enjeux politiques bien plus vastes que le simple combat de l'épreuve sportive auquel il est confronté : ainsi des Jesse Owens médaillé aux jeux olympiques au cœur de l'Allemagne nazie, des John Carlos et Tommi Smith aux poings gantés de cuir brandis aux jeux de Mexico, des Emil Zatopek coureur phare d'une Tchécoslovaquie étriquée, des Cathy Freeman icônes d'Australie et porte drapeau aborigène, pour ne citer qu'eux... si Sabonis est devenu à son tour l'icône d'un pays, c'est, au delà de ses statistiques stratosphériques, aussi et surtout parce qu'il a su cristalliser lors de son apogée (années 80 et 90) les aspirations de son pays : des aspirations nationalistes évidemment...


Revenons d'ailleurs à cette époque pour rappeler ce contexte... dans ces années 80, un club domine de toute sa puissance le championnat de Russie : le CSKA, qui n'est autre que le représentant de l'armée rouge dans la discipline... l'équipe moscovite écrase tout : en 1985, elle s'apprête en effet à engranger un dixième titre consécutif... seulement voilà, ce dixième titre lui échappera : ce dernier est en effet raflé par une équipe 'de seconde zone'... le Zalgiris Kaunas.....
 
(caricature photographiée à Kaunas)

Cette année là, ce club est pulsé par un jeune prodige de tout juste vingt ans : vous aurez deviné qui....

Il faut alors imaginer le retentissement que pourrait avoir cette victoire : un club lituanien qui défait l'équipe de l'armée rouge au basket, même les rencontres footballistiques de légendes risquent de ne pas pouvoir souffrir la comparaison... et s'il ne s'agit pas encore d'irruption volcanique pure, disons que les plaques ont déjà bien été secouées une première fois...

… et lorsque cela se renouvelle les deux années suivantes, il n'en faut pas davantage pour que tout un peuple se presse derrière son équipe.


Après le retour de l'indépendance, la ferveur lituanienne pour le basket ne s'est pas estompée : les médailles olympiques de bronze glanées aux jeux d'Atlanta puis de Sydney (au cours desquels les lituaniens auront joué une demi-finale de légende contre rien de moins que les États-Unis (perdue 81-82 sur un panier raté dans les dernières secondes)) ont alimenté la flamme, et celle-ci est toujours bien vivante aujourd'hui.


Et si en cet été de 2011, un très grand nombre de maisons lituaniennes arborent si fièrement les couleurs de leur pays, c'est tout simplement parce que la Lituanie connaît alors une consécration particulière: avoir l'honneur d'accueillir pour la vingtième année de son indépendance le championnat d'Europe de Basket !
 
 
 
C'est alors naturellement tout un peuple qui se joint derrière son équipe..... et qui à l'unisson dresse les couleurs du pays...
 
CQFD.
 
(Nous ne pouvions tout de même pas quitter le pays sans évoquer cela : un lituanien ne nous aurait pas pardonné...... à présent que c'est chose faite, rdv dès la semaine prochaine pour entrer enfin en Lettonie !)
 
 

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