Quel effet cela ferait-il d'après vous si
la grotte de Massabielle était rasée au bulldozer ?...
... ah, je vois que cela ne vous évoque rien... peut-être qu'en vous précisant que la grotte de Massabielle est la grotte sanctuaire de Lourdes, cela vous aiderait à mieux appréhender l'effet que cela pourrait avoir...
... ah, je vois que cela ne vous évoque rien... peut-être qu'en vous précisant que la grotte de Massabielle est la grotte sanctuaire de Lourdes, cela vous aiderait à mieux appréhender l'effet que cela pourrait avoir...
Je reformule donc : quel effet
cela ferait-il d'après vous si la grotte de Lourdes était rasée au
bulldozer ?
Ah oui... je vois que cela vous parle
déjà plus... et pourtant, je sens que la comparaison n'est pas
encore à la hauteur... la religion et vous, vous dites.... entendu.
Peut-être alors pourrions-nous sortir
du domaine religieux et en appeler à un autre monument
identitaire.... tiens, voilà : quel effet cela ferait d'après
vous si le Panthéon de Paris était rasée au bulldozer ?
… oui, c'est bien ça... ça devrait
le faire...
Voilà... imaginez : 'Le
Panthéon de Paris brûle-t-il ?'...
Alors ?
…
Pas si simple de trouver un équivalent
national à ce que peut représenter la colline aux croix pour les
lituaniens... plus qu'un lieu de religion, de pèlerinage, c'est un
lieu hautement identitaire, qui a cristallisé tous les espoirs, les
luttes et les prières à travers l'histoire et les occupations
successives du pays, notamment la période d'occupation soviétique
déjà évoquée...
C'est bien simple, si les avis
divergeaient au fil de nos rencontres sur les destinations
incontournables du pays, la quasi totalité se mettait d'accord au
moins sur un point, que tous connaissaient : la colline aux
croix.
Ugnė,
Lina et d'autres encore n'avaient aucun doute à ce sujet : nous
devrions nous y rendre... plus qu'un lieu identitaire, un lieu de
reconnaissance.
Cette même colline aux croix donc, qui
fut à plusieurs reprises rasée au bulldozer, afin bien sûr de
'mater' la conscience nationale...
L'histoire raconte qu'à l'aube du jour
suivant chaque destruction, de nouvelles croix réapparaissaient sur
le lieu... les abords de la colline furent même noyés sous les eaux
par les autorités russes pour en bloquer l'accès, mais des ponts de
fortune étaient alors construits, et de nouvelles croix ajoutées...
Les origines de l'attachement du peuple
lituanien à ce lieu sont floues... certains ouvrages parlent du
XIVème, d'autres du XVIème, et d'autres encore ne le mentionnent
qu'un siècle plus tard encore... ils semblent toutefois s'accorder
sur le fait que la colline ait été un lieu de commémoration dès
le milieu du XIXème siècle (à peu près comme la grotte de Lourdes
finalement...), voué au souvenir des victimes du soulèvement de
Šiauliai, alors sous
l'oppression de la Russie (l'histoire est un éternel
recommencement...).
Lors de la première indépendance
(1918), les pèlerinages se multiplient : des 4 coins du pays
'libre', les gens viennent se recueillir, et parfois même y poser
une croix... mais dès la nouvelle occupation (qui débuterait pour
rappel, dès 1939), tous les symboles religieux étant appelés à
être détruits à plus ou moins brève échéance, la colline allait
de nouveau cristalliser les attentions.
Plus les résistances à la
soviétisation du pays (et donc l'interdiction de religion) seraient
vives, et plus les réprimandes seraient dures... et plus les
réprimandes seraient dures... vous devinez la suite... plus les
résistances vives...
… et un jour inéluctable, des
bulldozers seraient envoyés sur la colline.
Ce bras de fer aurait duré jusqu'en
1985 : à cette date, il y a toujours des croix sur la colline,
malgré les efforts déployés, et les autorités renoncent à les
retirer... trois années et quelques dizaines de milliers de croix
plus tard, le lieu est déclaré 'lieu sacré', avec le soutien de
l’Église. Le pape en personne se rendrait enfin sur place peu
après la déclaration d'indépendance du pays et y érigerait une
croix encore plus haute que toutes celles déjà dressées jusque là.
… et la ferveur du pays, après
cinquante années d'occupation, n'en est bien sûr devenue que plus
grande...
Dès le retour de l'indépendance, les
cathédrales, églises et autres monuments religieux conservés
jusque là (et reconvertis durant l'occupation, pour les plus
prestigieux d'entre eux, comme gymnases, salles d'expositions, de
concert ou musées) ouvriraient de nouveau leurs portes aux offices.
Quant aux autres, soit détruits, soit considérablement dégradés,
une patiente mais fervente reconstruction débuterait, reconstruction
toujours en œuvre à ce jour.
Eglise de Mažeikiai, 40 000 habitants
Eglise de Tytuvėnai, 2800 habitants
Eglise de Sandrava, moins de 100 habitants
(visible de l'extérieur dans le post 'yoyo du sympathomètre')
La colline (ce lieu, comme le décrivait
Vincent la veille, 'qui ne paye pas de mine, mais qui vaut le coup
d’œil'), compterait ce jour plus de 50 000 croix de plus de un
mètre, et un nombre inestimable de crucifix, chapelets et autres
croix de taille plus modeste, et en provenance du monde entier...
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