mercredi 7 novembre 2012

Kaunas : terminus, tout le monde descend !

‘Tous snobinards !’
 
Et la voici qui nous explique que la ville a beaucoup changé depuis qu’elle était petite, que les gens sont devenus toujours plus arrogants, et de nous rappeler ce qu’Ugnė nous avait déjà dit ‘les gens ne sont heureux que lorsqu’ils trouvent plus malheureux qu’eux !’… non, elle ne se voit décidément pas rester ici. Kaunas sûrement !

Nous devrions aller voir Kaunas…
 
 
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Kaunas est de par sa taille la seconde ville du pays. Elle n'aurait toutefois rien à voir avec la capitale, c'est ce qui nous fut rapporté à diverses reprises... 'plus belle, plus douce... plus lituanienne !'

 
Pour en avoir le cœur net, nous trichons une seconde fois : nous chargeons notre embarcation à bord du train 875 pour nous rendre directement à Kaunas sans passer par la case Trakai... nous parcourrons ainsi en une petite heure et demi la centaine de kilomètres qui séparent les deux villes : sans diluer durant une journée de pédalage les impressions laissées par la première avant de rejoindre la seconde, la comparaison n'en sera que plus facile.
 
A notre dernier voyage en train, nous rencontrions Dorota. Le tandem avait immédiatement aiguisé sa curiosité et elle n'avait pas attendu bien longtemps avant d'ouvrir la conversation... une conversation qui durerait naturellement plusieurs heures.
 
Aujourd'hui, l'ambiance n'est pas tout à fait la même : malgré tous les regards furtifs qui nous sont adressés (il faut dire que la configuration du wagon ne nous a laissé d'autre option que de rentrer le tandem et la remorque dans l'allée...), les visages restent fermés, et feignent une fausse indifférence.
 
Nous voilà partis.
 
 
 
Les bâtiments de briques reculent, s'émancipent les uns des autres et bientôt se dispersent au delà de terrains vagues.

Premier arrêt à Paneriai.
 
Quelques personnes descendent, et nous repartons.
 
 
L'espace s'ouvre, prairies et maisonnettes de bois défilent à présent de chaque côté, ralentissent et s'arrêtent à notre hauteur : un arrêt à Vokė.
 
Chose notable : les quais sont neufs, flanqués bien sûr d'un écriteau sur lequel nous reconnaissons la bannière étoilée. Certains voyageurs traversent les voies à pied pour rejoindre l'autre rive, portant avec eux de lourdes valises.

 

Les quais reculent, accélèrent, puis disparaissent à leur tour, laissant place à des bosquets de plus en plus étendus, à quelques marres...


... de toutes petites collines courent à présent à nos côtés, bondissant de tout petits sauts... l'horizon se dégage, l'espace s'étend, et nous dirions à présent une cavalcade de buttes, de talus, de pentes et de vallons.

 Un nouvel arrêt leur permet de reprendre leur souffle, puis la course est repartie.
 

'Un relief d'enfant'... surexcité, mal dégrossi... 'brut et plein d'énergie'. Une drôle d'analogie qui a pris racine en nos esprits, alors que nous laissons nos regards vagabonder sur les pleins et les creux de ces paysages courbes.

Une forêt nous saute soudain en plein visage, masquant l'horizon au delà de quelques mètres à peine... une fresque confuse, sur laquelle le regard perd à présent toute prise. Une succession de teintes et de flous à laquelle nous préférons encore le tableau fixe de l'intérieur du wagon. Ne serait-ce que pour dissiper une certaine nausée qui nous gagne presque aussitôt...
 
 
A mi chemin, le wagon s'est déjà considérablement vidé.
 

Žasliai.
 
 
De nouveau, les passagers descendent et traversent les voies à pied. Parmi eux, une jeune femme a retiré ses talons aiguille. Beauté froide jusqu'alors figée dans le wagon, la voici à présent qui traverse pieds nus le ballast, chaussures à la main... nous jurerions alors percevoir davantage de chaleur sur ses joues pâles, comme si le contact de la plante de ses pieds avec le sol avait suffi à la réincarner.

 
POUEEEEEEET !!

Rires d'enfant...
 
 
Le klaxon à poire a fait une nouvelle émule. Lui qui au départ de Vilnius semblait au sein de ce même wagon être d'une parfaite incongruité a fini par se trouver un copain. Ou plutôt une copine : il s'agit d'une fillette, petite blondinette, qui vient juste de monter, accompagnée d'une petite vieille toute biscornue et souriante. Cabossée, voûtée, crevassée... on jurerait toutefois qu'un sourire éternel a fini par s'inscrire au creux de ses traits, de ces sourires doux et solides comme le roc, et que rien au monde ne pourrait entamer.

 
La voici qui s'installe de l'autre côté de l'allée, précédée de quelques sacs plastiques et d'un panier d'osier tressé. Des pétales des champs, aux couleurs multiples en dépassent... de la vie projetée en grappes sur le tissu gris des sièges du wagon. 
 
 
La petite s'installe en face d'elle, et c'est un délicieux babillage qui coule dès lors à côté de nous... nous y plongerions volontiers nos mains pour nous en abreuver.
 

Vilnius l'austère, Vilnius la fière nous semble déjà si lointaine...
 
 
… et de fait, bercés par ce doux babillage, nous sommes surpris d'être déjà arrivés : terminus, tout le monde descend : Kaunas.
 
 
 
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