lundi 1 août 2011

D'un parc à l'autre


L'oiseau débile aura chanté une bonne partie de la nuit... c'est ainsi que nous avons surnommé ce drôle d'oiseau surexcité qui tantôt imite la pie, tantôt le rossignol, ou encore le coucou quand ce n'est pas une porte qui grince. Ce qui se rapprocherait le plus de ce drôle de langage de piaf serait encore le flipper, mais ça faisait trop dauphin... alors l'oiseau débile, c'est bien. Aussi bien pour l'incohérence de son babillage que pour l'excitation avec laquelle il s'y adonne.

Si cela surprend et amuse au début, il faut avouer que lorsque le petit jour pointe son nez vers 3h30, nous ne sommes plus trop fans... n'y tenant plus, nous nous levons peu avant 5h pour débusquer cette drôle de bestiole.

Le feu de camp de la veille fumotte encore un peu dans l'aube frissonnante. Le ciel s'est enveloppé d'un voile moutonneux, et le lac est calme, pas une ride à sa surface. Et dans ce décor de sommeil, l'oiseau débile continue de brailler tout ce qu'il peut...

Nous n'avons jamais rien entendu de semblable.

Nous orientant à l'oreille, nous approchons peu à peu de la rive. Le son est toujours plus proche, et semble venir 'd'en bas'... à bien écouter, cela vient des joncs. Nous balançons quelques cailloux là d'où semble venir ce chant insupportable : à chaque fois, quelques secondes de suspension nous sont offertes... avant de reprendre comme si de rien n'était.

De guerre lasse, nous n'avons bientôt d'autre choix que de retourner nous coucher...



Nouveau dimanche. Il est environ 8h30 lorsque nous nous apprêtons à repartir et le camping dort encore. Le polonais en vacances se lève tard le dimanche.

La traversée du parc est un enchantement. Il fait déjà un peu plus de 20°C, les tout derniers voiles de brumes s'étirent et se dissipent. La sève de pin se fait déjà fortement sentir.

Un vieillard est posté sur un pont. En dessous, une rivière claire scintille. Nous y apercevons entre quelques reflets argentés de gros chevesnes. Un filet de 80cm de côté est jeté par dessus le garde fou : le vieux pêcheur remonte ainsi sans trop de peine quelques kilos de poisson... une pêche un peu déloyale depuis longtemps interdite chez nous.

A Swornegace, une petite famille clapote à bord du pédalo rose pâle sur lequel ils ont embarqué. Ils nous hèlent avec de grands signes. Même accueil quelques centaines de mètres plus loin : un couple appuyé sur la rambarde du balcon nous appelle en faisant de grands coucous. Décidément, nous avons la classe ce matin...

La sortie du parc est nette : la succession interminable de pins cesse soudain, laissant place à de grands champs de blé bordés de chicorée. Le goudron colle aussitôt davantage. Quelques gravillons se détachent de nos roues pour aller tinter sur le dessous du cadre. Discrétion totale...

Le relief ondule légèrement, chose inhabituelle, et quelques petites collines titillent même les cellules musculaires de nos cuisseaux...

Une voiturette semble d'ailleurs à la peine peu avant Czyczkowy, et nous profitons de la forme du matin pour essayer de la rattraper pour passer le col en tête... la voiturette conduit un grand-père. Sa canne est bien calée sous son bras, et ses quatre roues (de la voiturette) arrachent également quelques gravillons au bitume. C'est dire combien elle est rapide !

Nous parvenons toutefois à revenir à sa hauteur aux deux tiers de la côte, patientant quelques secondes dans sa roue (…) pour reprendre souffle avant de placer une mine fatale...

A notre accélération, c'est un papi acariâtre qui se tourne sur le côté, surpris de me voir déborder aussi soudainement. Marie le déborde à son tour, risquant de lui mettre le moral minable... nous entendons d'ailleurs aussitôt tout un charabia toujours aussi obscur, provenant de derrière notre carriole. Lorsque nous nous retournons, quelques mètres avant le sommet pour nous assurer de notre victoire, la voiturette a transformé notre vieil acariâtre en jeune papi aux yeux d'enfants, qui nous fait d'ailleurs de grands signes de sa canne... pas rancunier, il semble émerveillé par notre carriole. Peut-être s'imagine-t-il déjà avec une telle remorque derrière la voiturette...

'Une histoire vraie', le film de David Lynch, s'impose aussitôt en nos esprits... et notre bon troisième gagne aussitôt toute notre sympathie.


Les cloches sonnent lorsque nous arrivons à Brusy. Un nom de village qui sonne bien français, mais la ferveur des paroissiens nous rappelle que nous sommes bien en Pologne. Monsieur le curé passe en soutane , en grande discussion avec un homme chichement endimanché. Nous croisons un peu plus loin une sœur à la coiffe traditionnelle et au grand sourire... le sympathomètre est décidément au beau fixe.

Nous profitons de cette heure pieuse pour faire quelques courses. Si la plupart des boutiques sont fermées de 10h à12h le dimanche, la superette à l'écart du centre ne semble pas concernée par ces horaires dévots, même si ses rayons sont déserts. Nous y faisons nos emplettes tout à notre aise, hésitant toujours entre la salade de chou au harengs ou la salade de chou au chou...

Brusy est niché au beau milieu d'un îlot de cultures, au milieu d'un océan de forêts. A peine avons-nous quitté le parc Zaborski que nous entrons dans le second parc naturel peu après la sortie du bourg : le parc naturel Wdzydzki.


Son nom est non seulement moins évident à prononcer que celui de son prédécesseur, mais ses paysages sont en plus terriblement monotones, du moins depuis la petite cantonale que nous empruntons pour le traverser.



Forêts de pins, mêlées de bois de pins et de quelques bouleaux... parfois, une coupe. Pas de camping bondé, pas de touriste...

Un mémorial nous rappelle que quelques fourgons s'arrêtaient ici lors des temps obscurs.
Terminus, tout le monde descend... peut-être une explication.



Nous faisons halte pour la nuit.
Kościerzyna n'est plus très loin. De là, les rives de la Baltique ne sont plus qu'à une petite cinquantaine de bornes à vol d'oiseau. Soit à une journée environ.

Demain sera donc un grand jour. Nous allons pouvoir vérifier si les conseils d'Adam sont bons. Voir si la ville de Solidarnosc est aussi magnifique qu'il le dit...

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