samedi 13 août 2011

Arrivée au coeur de Gdańsk : Długi Targ, la place du marché


La descente sur Gdańsk est un régal. Elle se négocie tout en douceur, sur une route à travers de belles hêtraies qui émiettent sur le bitume les lourds rayons du soleil. Nous descendons cheveux dans le vent, à travers une pluie de rayons stroboscopiques... une dizaine de kilomètres dévalés sur un même rythme, sur une descente à pente régulière, à bord de notre char qui dévale tout cela sans broncher à une allure de cinquante à soixante kilomètres heure, et sans direction assistée. Sa conduite est une sensation grisante.

La circulation autour de nous s'est densifiée, et nous roulons à peu près à la même allure que les véhicules qui nous entourent. Les personnes se serrent les coudes aux abords des arrêts de bus qui se multiplient en bord de route, puis la pancarte de Gdańsk est arrivée.

Avec elle, de nombreux panneaux directionnels nous indiquent les commerces à proximité et leurs invitations à découvrir de nouvelles offres. Leroy Merlin nous propose ses tondeuses, Castorama son indémodable modèle de WC qu'il nous expose régulièrement dans les villes traversées jusqu'ici, et Auchan nous fait une offre exceptionnelle pour un ensemble de maillot de bain 2 pièces pour 9,69sl.

Entre les pancartes publicitaires, les affiches d'enseignes et les panneaux de circulation, il y a quelque chose à lire tous les 10m, et c'est à se demander si chaque automobiliste a encore le temps de prêter un peu d'attention à la route... les lourds travaux périphériques donnent à tout ce décor la touche finale pour qualifier le tout de véritable jungle, au cœur de laquelle les automobilistes patientent à présent, embourbés dans d'interminables bouchons. Cela leur laisse au moins la possibilité de s'adonner à un peu de lecture de trottoir...

Bien sûr, nous avons bien du mal à déchiffrer les rares phrases écrites, et nous nous contentons des images... l'i-phone semble être arrivé, et nous découvrons également quelques panneaux invitant à prêter un peu de temps à du sport...







… aussi passionnant tout cela fût-il, nous n'avançons décidément pas... et le temps devient terriblement lourd. Préférant encore rouler, même lentement, nous remontons la circulation par la gauche, en doublant camionnettes, bus et poids lourds, n'hésitant pas lorsqu'elle est libre, à rouler tranquillement sur la voie de gauche. Certains automobilistes très bien élevés que nous doublons ne manquent pas bien sûr de tenter de parfaire notre éducation par de très subtils coups de klaxons... le temps tourne cependant à l'orage, et il est des moments où un peu de désobéissance s'impose.

Certaines des artères principales sont condamnées, en cours de travaux, et la construction de nouveaux HLM (tous identiques) n'arrangent rien à la circulation... la carte ne nous est bientôt d'aucun secours et nous décidons finalement de rouler à l'aveugle, à l'instinct, pour rejoindre la vieille ville au plus vite, et, si le temps le permet, pousser encore un peu vers le port et les rives de la Baltique...



Nous perdons malheureusement notre course contre l'orage dans les quartiers périphériques, où les anciennes rues trop pentues sont encore pavées de vieux pavés trop lisses... tête rentrée dans les épaules, fond de cuissard trempé, nous descendons à la limite de l'équilibre cette succession de bosses trompeuses entre lesquelles de véritables petits ruisseaux tracent leur chemin. Nos disques émettent de piteuses complaintes suraiguës, juste interrompues aux carrefours. A l'un d'eux, le conducteur du poids lourd freine un peu trop tard, et son véhicule termine sa course à l'arrière d'une petite fiat.

Nous préférons encore emprunter de plus petites rues adjacentes, où le jaune de la terre du talus se mêle au gris des eaux de pluie qui lessivent les bords de trottoirs. Enfin, nous arrivons au fond de cette immense cuvette, non mécontents de trouver les quais du canal. Un aviron passe. Cinq gaillards grimacent à son bord, tout muscles bandés, mâchoires serrées et lèvres bleues.



Les drapeaux de notre carriole sont en berne, tout aussi dégoulinants que nous le sommes... nous remontons le long du canal, basculons le long de la voie de tram, traversons le pont de Stągiewna, et arrivons enfin au cœur de la vieille ville tant attendue... une arrivée 'à la polonaise', où le gris semble toujours se mêler aux instants de fête...

La grande place du marché (Długi Targ), aire piétonne, est déserte : les passants et autres badauds se sont tous abrités sous les lourdes portes de l'ancienne ceinture fortifiée de la vielle ville... certains grognent de mécontentement lorsque nous tentons de nous frayer un chemin entre épaules et ventres rebondis pour traverser ces porches surpeuplés, mais enfin, nous y sommes : au cœur du cœur de la perle de la Baltique...

 



Adam a déjà raison... c'est de loin ce que nous avons vu de plus beau, de plus riche depuis notre arrivée en Pologne. Nous dévorons du coin du regard toutes ces façades flamandes aux couleurs vives, ces perrons sculptés, ces gargouilles travaillées... mais la pluie redouble décidément, et nous trouvons enfin abri sous une devanture de bijouterie.

Un couple nous y rejoint au pas de course, et nous sert le d'où-venez-vous-où-allez-vous habituel auquel pour une fois nous coupons court... nous commençons à nous refroidir et l'instant est assez mal choisi pour philosopher. Nous préférons finalement reprendre la route sans plus tarder pour terminer symboliquement cette première étape du voyage : rejoindre la porte de Brandebourg à la Baltique... il ne reste pour cela plus guère qu'une petite dizaine de kilomètres... un peu plus d'une demi heure d'effort pour rejoindre l'une des rives les plus célèbres de la Baltique, s'il en est : l'historique Westerplatte.

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