Les deux véhicules ci-dessous ont un point commun et une différence fondamentale... regardez les bien.
Que vous inspirent-ils ?
Le point commun, c'est que ces deux engins ne courent pas les rues, et qu'ils suscitent donc la surprise quand ils arrivent quelque part.
La différence fondamentale, c'est ce qu'ils représentent, ce qu'ils évoquent pour ceux qui les voient de l'extérieur, et donc, la réaction qu'ils provoquent immédiatement chez eux.
Vous venez d'assimiler les deux fonctions clefs de notre embarcation : elle suscite la surprise et oriente son expression immédiate, non réfléchie... deux réactions qui nous en apprennent beaucoup sur les pays que l'on traverse.
Notre voyage pourrait être vu comme une course, pour laquelle ne comptent traditionnellement que les kilomètres et le chronomètre. Adeptes de performances, passez votre chemin, vous vous êtes trompés d'adresse. Bien plus instructives, sur la quête de réflexion sur le bonheur, ce sont les notions de réceptivité et de sympathie qui nous intéressent.
Et pour nourrir cette réflexion, notre monture devient donc notre mode de mesure : réceptomètre pour la capacité ambiante de 'capter/percevoir' ce drôle d'engin. Sympathomètre, pour mesurer la sympathie que notre monture suscite.
Le réceptomètre est ainsi très savamment gradué de 0 (aucune réaction) à 3 (réaction très rapide).
Quant au sympathomètre, il est gradué de -5 (pas du tout sympathique) à +5 (réaction très sympathique).
Quelques exemples de notation au réceptomètre :
. un homme traverse la route en lisant son journal, nous manquons de le renverser, terminons notre course dans les paniers du primeurs du coin de la rue, provoquant une catastrophe en chaîne, sans que le bonhomme n'ait levé le nez de son journal : réceptivité 0.
. Des femmes sont réunies autour de poussettes sur le trottoir en train de discuter mollement, et nous regardent passer en s'étonnant tout aussi mollement : réceptivité 1.
. Une jeune fille qui refait sa natte à un arrêt de bus en train de discuter avec sa copine et qui s'interrompt au beau milieu de sa coiffure et de sa discussion : réceptivité 2.
. Des hommes réunis sur un chantier en pleine activité, qui s'interrompent en nous regardant : réceptivité 3.
De même, pour le sympathomètre :
. Un 'regarde chéri, c'est exactement ça qu'il nous faut !', vaut bien un 3. Tout comme un 'great bike' que l'on apprend à un enfant sur ses épaules en passant tout juste à côté de nous.
. Un pouce levé par la fenêtre d'une voiture qui nous double vaut un 2 (3 si le chauffeur klaxonne en plus).
. Un coucou de la main de toute la famille vaut un 4, surtout s'il est appuyé par de francs sourires.
. Une pause contemplative à côté du tandem garé vaut un 2 (si elle dure jusque 2'), voire un 3 (jusque 5', au delà, cela retombe à 2, voire moins...), surtout s'il est accompagné de sourires et de mots, même incompréhensibles.
. Enfin, une lacération de visage juste avant perte de connaissance vaut largement un 5.
Inversement,
. aucune réaction, sympathomètre = 0.
. Quelqu'un qui klaxonne en doublant à toute blinde, 0 aussi, voire -1 s'il nous a serré de trop près.
. Pas de réponse à un 'bonjour' que nous donnons dans la langue idoine, tout comme le détournement de regard, cela vaut un -2.
. Une pause contemplative à côté du tandem garé vaut un -2 (jusque 2'), voire un -3 (jusque 5', au delà, cela diminue également) lorsqu'il n'est pas accompagné au moins d'un échange de regard.
. -3 lorsque qu'à notre vue, la personne fait demi-tour.
. -4 lorsque la personne nous fixe durement du regard sans détourner les yeux pendant tout le temps que nous passons à sa hauteur. Idem pour les personnes qui lâchent les chiens ou ne rappellent pas ceux qui nous coursent en montrant les crocs.
. Enfin, -5 quand une personne crache par-terre ou aiguise de manière ostentatoire sa faux à notre passage...
A noter enfin pour l'intérêt de nos mesures qu'il nous faudra interpréter en fin de voyage :
. L'embarcation compte également 2 passagers, coiffés de casques et de lunettes de soleil masquant la plupart du temps leur regard, mais la plupart du temps transpireux et souriants (même s'il faut parfois pour cela y mettre beaucoup de cœur....).
. L'embarcation se termine à son extrémité arrière par un mât sur lequel 3 drapeaux voguent au gré des vents (et de la forme des cuisses...) : l'un aux couleurs de la France (nationalité voyageurs), l'autre aux couleurs de l'Allemagne (point de départ), et le dernier aux couleurs de l'Europe (abstraction aux contours incertains qui n'est toutefois pas neutre dans son évocation au gré des lieux traversés...).
Ainsi, au bout de la distance parcourue, nous disposerons de savants diagrammes de réceptivité et de sympathie, que nous pourrons mettre en relief avec les caractéristiques du milieu traversé : nationalité, niveau de richesse, panier de la ménagère, degré d'urbanisation, densité de population de moustiques, nombre de jours pluvieux et période d'ovulation des têtards.
Conclusion de cette savante étude : en fin de voyage !
(PS : et pour les petits malins qui se seraient déjà dit à la vue de la photo 'Oui, mais il y a aussi la réceptivité des passagers', nous leur dirons : n'anticipez pas trop... un peu de patience...)
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