Voyage et vacances

'Non mais vous avez vu vos mines ?!'....

Il n'est pas rare que nos retours de voyage se ponctuent de quelques reproches aux teintes maternelles... malgré nos âges à présent depuis quelques temps déjà adultes...

 

'Non mais vous avez vu vos mines ? On dirait des zombies !'

 

'… des zombies peut-être... mais des zombies heureux !' pourrions-nous répondre...

 

… mais serions-nous compris par nos interlocuteurs plus... sédentaires ?...

 

…

 

 Comment en effet leur faire comprendre cette profonde euphorie, plus forte que la fatigue, qui nous envahit au fur et à mesure des kilomètres avalés ?...

 Comme une enfant qui revient à la nuit, après une journée d'inquiétante absence, crottée jusqu'aux joues et épuisée, mais avec, au creux de ses mains, le chaton retrouvé... comme un vieillard qui ressort de l'eau, fatigué et essoufflé, mais sourire aux lèvres et doigts resserrés sur ses fleurs de lotus sacrées...

 

Comment leur dire qu'il est bien vain de gronder cette enfant aventurière, de faire la morale à ce vieux têtu de 'cardiaque' ?...

 

…

 

Comment leur dire que nos sourires sont d'autant plus grands que leur remontrances seront authentiques?

 …

Le voyage est un état bien trop rare et précieux pour qu'une seule seconde ne soit vécue 'à plein'... que la peau se rabougrisse si cela lui chante, elle ne saurait nous gagner par son chagrin... qu'il nous reste un pied valide à mettre devant l'autre pour parcourir le monde, et un regard ouvert pour le percevoir, le reste, à cet instant, reste bien secondaire...

 

… griffonnez alors, mines enfiévrées, pour qu'au retour, nous nous souvenions...

 

Qu'en vous, précieux carnets, filets jetés sur le monde et précieusement rapportés, nous puisions chaque jour passé au port, de cette foi, de cette fièvre qui gagne le voyageur loin de chez lui, à chaque pas mis devant l'autre, à chaque regard jeté autour de lui...

 

…

 

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En 2007, juste avant de partir en Sibérie, Sylvain Tesson donnait une interview sur le thème du voyage, et, comme souvent grâce à son sens aigu de l'aphorisme, quelques phrases de cette interview nous resteraient gravées en tête.

La première, comme entrée en matière de cet entretien, concernait l'essence même du voyageur : 'On ne devient pas voyageur. On naît ce que l'on est et réciproquement'...

 

Du Beauvoir à pleins pores...

 

La seconde, qui nous revient avec une force particulière à présent, concernait l'état de 'vacances' lors du voyage :

 

'- Les voyages sont-ils des vacances pour vous ?

 

- Certainement pas pour deux raisons. La première est que je voyage pour écrire et je vis de mon écriture, donc je voyage pour vivre donc ce ne sont pas des vacances. Deuxièmement les voyages m'inspirent, m'alimentent, me remplissent et je ne peux donc pas être en état de vacance lorsque je voyage.'

 

...

 

 

Tout est dit...