dimanche 10 novembre 2013

Un nouveau départ...

 
Les rues de Liepaja reculent à nouveau. Nos jambes, abruties, retrouvent leur rythme de piston, et les galets, grossiers et durs, coulent par dessous-nous et se fondent.
 
 
Nous repartons.
Non, nous sommes repartis...
 
… toujours plus au nord.
 
Étrange sensation de départ en spectateur. Scène vécue mille fois, identique, comme si après tout nous n'avions jamais été qu'en départ...
 
Le décor tourne et passe, imaginatif à l'infini, et nous chavire sans plus aucune cohérence.
 
Au loin, à gauche, la mer. A droite, parmi les barres d'immeuble de béton, Saint Nicolas, aux clochers féeriques...
 
 

 
 
Une sensation étrange nous habite.
Une pâte molle qui nous baigne...
 
 
A terre, deux hommes.
 
Couchés sur le dos, à l'aplomb du tilleul, ils se sont absentés.
 
 
Semblables voyageurs....
 
 
 
Nos pneus crissent sur le gravier, un rayon sonne et résonne au coup de pierre projetée... étranges sons lointains. Les clochers dorés de Saint Nicolas se perdent dans les tilleuls.
 
La digue.
 
 
 
Voilà, Liepaja n'est plus.
 
 
 


 
Nos jambes tournent, nos chevillent roulent et nos têtes, comme en transe, se balancent.
 
Toujours plus au nord.
 
 
La piste se dégrade mètre après mètre. Les creux s'arrondissent, nos ventres s'aplatissent, se compriment puis s'étendent. Nos jambes tournent.
 
 
Hauts-le-cœur.
 
 
Des amas de déchets aux carrefours. Des sentiers qui s'échappent vers le rivage. Des pins.
Et les pneus qui, obstinés, ronronnent et parfois claquent.
 
 
La piste ondule, nous secoue. Toujours droite. Toujours claire.
Monotone, vieille rengaine qui nous malmène. Et toujours plus au nord.
 
 
Nous sommes saouls.
 
 
Emmitouflés dans du coton, sur rythme automatique, sens engourdis et saturés, nous roulons... toujours... plus au nord.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
… l'espace s'est vidé.
 
Epuré.
 
Il s'est... désencombré.
 
 
Des prés.
 
 
Rien que des prés.
 
Et la mer.
Au dessus, un ciel.
 
 
Au dessus...... un ciel.
 
 
 
Nos roues quittent la piste devenue déserte depuis des heures.
 
 
Nous voici seuls au monde.
 
Et là-bas, la mer.
 
Juste au bout du pré...
 
 
L'herbe du pré, si lisse sous nos roues, nous secoue doucement, comme nous secouerions l'endormi...
 
 
Quelques mètres de secousses... jusqu'au bord du pré, en surplomb.
 
Pied à terre, sur l'herbe douce.
 
 
Face à nous, le ciel.
 
 
Et au dessous.......
 
 
 
 
… au dessous........
 
 
 
… le soupir...
 
 
 


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