jeudi 23 août 2012

Comédie humaine...


Un sourire au milieu d’une montagne de draps.

C’est ce que nous découvrons en levant la tête, juste après avoir perçu un ‘wouahou ! It’s fun !’

Juste au moment où nous bataillions avec des planches, des balais, des cagettes et autres sortes de trucs et de machins divers et variés entassés dans la remise où notre tandem a élu actuellement domicile (ce qui suffit déjà de si bonne heure à nous mettre de mauvais poil), voici qu’un signe que l’on n’espérait plus à Vilnius nous est parvenu : de l’en-thou-sias-me !

Du baume au cœur qui, du coup, nous permet de retrouver un peu de sérénité : au lieu de tirer bêtement, nous repoussons un à un les trucs et les machins, et voilà notre embarcation tirée des griffes de la remise.

Sa voix est douce et gazouille... elle n'avait jamais vu pareille monture. Nous lui racontons d’où nous venons, où nous allons, comme à chaque rencontre, et nous lui posons les mêmes questions en retour.

Les bras toujours chargés de linge, d’où dépassent seulement ses chevilles, ses pieds, ses mains et sa tête, elle nous explique qu’elle est née à Vilnius… mais qu’elle est quelqu'un de simple et qu'elle ne restera pas à Vilnius.

Faisant mine d’être surpris, nous lui demandons ce qui lui déplaît ici à ce point qu’elle n’imagine pas y rester : sa main droite lâche la boule de drap, se referme, rejoint le bas de son nez et, du bout de l’index, lui envoie directement une chiquenaude. Dans le même temps, sa gorge a poussé un petit cri étouffé par ses lèvres serrées, ses yeux se sont à moitié clos et son menton s’est relevé bien haut en détournant légèrement la tête… nous reconnaissons dans la seconde notre duc au long gilet blanc croisé la veille.

‘Tous snobinards !’

Et la voici qui nous explique que la ville a beaucoup changé depuis qu’elle était petite, que les gens sont devenus toujours plus arrogants, et de nous rappeler ce qu’Ugnė nous avait déjà dit ‘les gens ne sont heureux que lorsqu’ils trouvent plus malheureux qu’eux !’… non, elle ne se voit décidément pas rester ici. Kaunas sûrement !

Nous devrions aller voir Kaunas…

Une voix tonne par la fenêtre : un air penaud passe sur son visage, un dernier sourire comme une excuse, puis notre interlocutrice tourne les talons en nous souhaitant bon voyage, silhouette trottinant tout en rabattant de ses bras les pans tombant… petit soleil dans un matin gris.


Nous passons le portail de fer, qui se rabat dans un claquement métallique lourd, puis descendons en direction de la vieille ville, où nous retrouvons les groupes serrés de touristes que nous devons parfois fendre à coup de coudes et de klaxons.


Nous franchissons la Neris, regagnant ainsi la rive nord de la ville et le quartier Šnipiškės, aux hautes tours de verre.



L’avenue de la Constitution y est par endroits large de 6 voies. Nous y roulons comme sur un tapis : le revêtement est flambant neuf, tout comme les trottoirs, les pelouses, les abris bus aux affiches promotionnelles éclatantes, et bien sûr, les halles de la Place de l’Europe.

‘Europa’, gravée comme sur un fronton et inscrite en large au-dessus de l’entrée du complexe commercial qui borde cette immense place, au pied des tours de verre, et qui serait posée comme une signature…

Les écrans géants et autres banderoles publicitaires maxi format (l’une si justement intitulée ‘more & more’ !) n’ont pas été oubliés, placés en surplomb des silhouettes qui patientent docilement sous l’abri bus de verre…






Parallèle à cette opulente avenue, à 400m à peine plus au nord, la krokuvos gatvė longe ses traditionnelles maisons de bois aux toits de tôle grises. La terre battue y forme par endroits des tâches plus sombres de boue, parfois même des flaques s’y étendent de part en part.

Lorsque nous les traversons, le reflet des tours de verre ondule et vacille…




Nous sortons de la ville par Minties gatvė, puis par Žirmūnų gatvė. La première nous dévoile sans far la tristesse de ses tours de béton décrépites (de l’époque soviétique), la seconde quant à elle concentre les constructions de tôles accueillant les véhicules pour réparation, vidange, changement de pneus et autres opérations pendant que leur propriétaire, selon l’heure, patiente au snack-bar ou remplit quelque caddie dans les entrepôts alentours du Maxima XX.
Enfin l'air devient plus respirable.

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