Il y a un mois et demi de cela (déjà !), nous vous promettions dans cette rubrique de vous dire qui freine à bord du tandem… la question est si palpitante qu’on imagine parfaitement la fébrilité qui a dû vous hanter depuis tout ce temps, aussi le moment est-il venu de mettre fin à cette insupportable attente…
Une fois n’est pas coutume, la logique à bord du tandem est respectée, et le rôle déterminant du freinage a été attribué à la personne qui est aux premières loges.
Nous vous parlons de logique, précisons tout de même qu’il n’aurait pas été tout à fait idiot de les déporter sur le guidon de la personne derrière ! Soit, cela aurait nécessité un temps d’anticipation supplémentaire (et augmenté de manière sensible le risque de collision avec tout corps étranger se présentant en travers de trajectoire…), mais d’un point de vue technique, cette solution aurait eu un certain avantage non négligeable : celui d’homogénéiser les fiabilités de freinage…
Bon, bien sûr, vu que les ingénieurs du bureau d’études en avait un peu marre d’être traités d’ingénieurs, ils s’en sont remis au bon vieux sens commun, préférant sacrifier la technique sur l’autel de la sécurité… et le mal est fait : le freinage avant/arrière n’est pas homogène.
Là, c’est dit.
Pour les curieux qu’un peu de technique intéresserait (pour les autres, nous nous retrouvons au prochain paragraphe), rappelons qu’un tandem, c’est (un peu) plus long qu’un vélo normal. Et que donc, la distance du cintre (ou guidon pour les novices) avant à l’étrier de la roue arrière est forcément plus longue qu’un vélo normal. La différence de longueur de gaine de frein entre l’avant et l’arrière est donc encore plus accrue, et ce qui ne pose pas trop de problème sur un vélo normal, devient perceptible sur un tandem : la compression résiduelle du système, très faible pour le frein avant, devient palpable pour le frein arrière.
Concrètement, cela signifie qu’on freine ‘dur’ à l’avant (l’amplitude de freinage (l’angle de manette de frein) entre le moment de contact des plaquettes et le moment de blocage est très faible), et ‘mou’ à l’arrière : l’amplitude entre le moment de contact des plaquettes et le moment de blocage est considérablement augmentée, à cause de la compression résiduelle cumulée tout au long de la looooongue gaine arrière, et il arrive même un moment où la manette de frein arrive en butée, sans arriver au blocage, alors que les plaquettes sont encore utilisables…. Il faut donc soit purger le système arrière, soit y ajouter ou enlever un peu d’huile, ou encore changer les plaquettes arrière avant usure totale. Bref, un peu la chianlie.
Pour éviter ce déséquilibre de freinage avant/arrière, il suffirait simplement d’avoir les mêmes longueurs de gaines, et donc, CQFD, de ramener le freinage sur le guidon de la personne arrière ! J
Après cette brillante démonstration technique, nous retrouvons le groupe des lecteurs qui ont sauté le dernier paragraphe pour revenir à des considérations un peu moins pointues, puisque nous allons parler de klaxon à poire.
Le bon sens commun a donc été respecté jusqu’à présent : le freinage a été confié à la personne qui a été jugée la plus apte à réagir en cas d’incident. A qui allons-nous donc confier à présent le klaxon ?
Qui a dit ‘à la personne avant !’ ?
Bon d’accord, l’idée de le confier à la personne arrière semble illogique, voire peut-être même irresponsable, pour les mêmes raisons avancées pour le freinage... mais quoi, vous laisseriez l’homme tout nu ?
Réveillez donc le titan qui est en vous !
Après tout, le feu a bien été confié aux hommes, autant dire que nous ne sommes plus à une imprudence près ! Donc, respect de traditions oblige, quand quelqu’un est sans force, rapidité, courage, poil, ailes, coquille, etc., eh bien on fait un petit geste pour le consoler : on lui donne du feu… euh, on lui donne un klaxon.
(Notons bien sûr, pour éviter toute remontrance virulente, qu’il n’est pas nécessaire pour que cette explication soit valable que ce soit madame qui prenne à chaque fois la place arrière…).
Et pour ceux que cette explication ne convaincrait pas, disons plus prosaïquement qu’il n’y avait plus de place sur le guidon avant d’une part, et que de deux, il est préférable que la personne avant tienne la barre en cas de tempête et laisse l’équipage s’occuper de prévenir les troupes, mais c’est déjà un sémaphore... une métaphore.
J’ai entendu une petite question au fond de la salle, toute timide… pourrais-tu la répéter pour nous, s’il te plaît ?
‘Pourquoi qu’il y a un guidon à l’arrière ?’…
C’est vrai ça, la question n’est pas bête…
Vous connaissez tous sans doute ce film célèbre de Gérard Oury où un tandem d’humoristes tout aussi célèbres tente de rapatrier une Cadillac rutilante de Naples à Bordeaux… oui, c’est ça, le Youkounkoun caché dans le klaxon (vous comprenez à présent pourquoi nous l’avons confié à la personne derrière…..).
Il y a dans le film une scène de poursuite au cours de laquelle les deux compères s’échangent le volant en cours de route : le volant est retiré de la planche de bord, donné au passager de droite, qui le fixe devant lui et reprend la conduite comme si de rien n’était…
Eh bien malheureusement, il nous faut vous dire qu’un tandem n’est pas une Cadillac : il n’y a bien qu’un seul et unique guidon qui mène la barque, et il est situé à l’avant. Le passager à l’arrière (parce qu’il serait inconfortable de faire du monocycle pendant des heures) a toutefois droit à un cintre (ou guidon) pour y poser ses mains et appuyer l’avant de son corps.
Ce guidon est fixe, et est solidaire du tube de selle de la personne avant, ce qui suppose que la personne arrière ait une confiance ‘aveugle’ (au sens propre comme figuré) en la personne avant, et qu’elle renonce en cas d’incident à tenter quoique ce soit (on imagine très bien l’inconfort de la personne avant si la personne arrière décidait de tourner brusquement son tube de selle…….).
Enfin, bien sûr, quelqu’un demandera sûrement ‘qui passe les vitesses’ ?
C’est une fois de plus la personne à l’avant, qui ainsi peut gérer au mieux les passages de plateaux et pignons en fonction des allures qu’il contrôle déjà avec les manettes de frein à sa disposition.
‘Et qui pédale ?’
…
Allons, ne soyez pas trop gourmands : en voilà déjà beaucoup pour aujourd’hui, réponse donc prévue dans le prochain post technique, en essayant de ne pas attendre un mois et demi !
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