samedi 21 novembre 2015

En attendant le prochain récit...

 
De Berlin à St Pétersbourg, il nous est arrivé plus d'une fois d'avoir une occasion de laisser le moral regagner nos chaussettes... et plus d'une fois, il n'en fut pas loin.
 
Pourtant, il y eut toujours une chanson pour l'en faire fuir.
 
Ces chansons furent nombreuses et variées, l'une d'elle pourtant revint plus souvent qu'à son tour, comme une ritournelle, murmurée sous la pluie, suffisante pour ramener un peu de soleil.
 
En attendant de nous retrouver pour le prochain récit de voyage, la voici pour vous, à chanter en boucle lorsque votre moral aussi se promène non loin de vos chaussettes...
 
A bientôt !
 
-----

 
 

Epilogue

 
Saint-Pétersbourg est à présent loin derrière nous, vivante comme un rêve échappé au petit matin... cette question du bonheur est-elle pour autant tout à fait résolue ?
 
Evidemment non : elle n'est pas de ce genre de question qui se laisse résoudre une bonne fois pour toute ; telle une anguille au moment où l'on croit l'avoir saisie pour de bon, elle se contorsionne pour bientôt nous échapper à nouveau.
 
La quête se poursuit alors.
 
Riches de nos premières découvertes, nous rassemblons depuis les indices laissés derrière cette proie à travers les siècles, notamment à travers certains récits de philosophes.
 
Il en est un qui trouvera une résonnance particulière à cette échappée, 'extrait du journal de Martin', écrit par un certain Hermann Hesse, déjà évoqué en ouverture de ce récit, et dont voici à la teneur :
 
 
'Je découvris progressivement où se trouvait la source de la joie et de la vie. J'appris qu'être aimé n'est rien et qu'aimer est tout ; je compris également de plus en plus clairement que seule notre capacité à sentir les choses, à éprouver des sentiments rendait notre existence précieuse et gaie. Quel que fût l'endroit sur terre où j'apercevais ce qu'on nomme 'le bonheur', je constatais que celui-ci naissait de la richesse de nos impressions.
 
L'argent n'était rien, le pouvoir n'était rien ; on rencontrait beaucoup de personnes qui possédaient les deux et demeuraient pauvres. La beauté n'était rien ; certains hommes et certaines femmes demeuraient pauvres, eux aussi, malgré tout leur éclat. La santé, elle non plus, n'avait pas beaucoup de poids ; la forme de chaque personne dépendait de son état psychologique ; bien des malades heureux de vivre prospéraient jusqu'à la veille de leur mort, et bien des hommes en bonne santé dépérissaient avec angoisse dans la crainte de la douleur. En revanche, quand un homme éprouvait des sentiments intenses et les acceptait en tant que tels, quand il les cultivait et en jouissait au lieu de les rejeter et de les tyranniser, il connaissait toujours le bonheur. De même, la beauté ne rendait pas heureux celui qui la possédait, mais celui qui était capable de l'aimer, de la vénérer.
 
Il existait apparemment toutes sortes de sentiments, mais en vérité, ils étaient tous de même nature. Chacun peut être appelé 'volonté', par exemple. Pour ma part, je choisirai le terme d''amour'. Le bonheur naît exclusivement de l'amour ; celui qui est capable d'aimer est heureux. Toute émotion qui permet à notre âme d'avoir le sentiment d'être elle-même, de se sentir exister, est amour. Celui qui est capable d'éprouver beaucoup d'amour connaît la félicité. Cependant, aimer et désirer ne reviennent pas tout à fait au même. L'amour est un désir sur lequel la sagesse l'a emporté ; l'amour ne veut pas posséder, il veut simplement aimer.
 
Voilà pourquoi le philosophe est heureux : il nourrit son amour du monde à travers un réseau complexe de pensées et, sans répit, il tisse avec tendresse sa toile autour des choses existantes.'
 
(Extrait du journal de Martin - l'Art de l'oisiveté - Hermann Hesse).
 
 
 
Comment mieux conclure ?...